D’un pas agile, rompu au slalom entre les débris, Mohammed* longe un alignement de bâtiments squelettiques et désossés, enracinés dans des chemins de terre bordant, par le nord, la ville kurde emblématique de Kobané, connue pour sa résistance face aux forces de l’État islamique (EI)1 lors de la guerre civile syrienne en 2014.
Devant lui, une bâtisse de quatre étages, en équilibre sur des colonnes de béton criblées de balles, s’étire vers le ciel. « C’est ici que se trouvait l’une des dernières poches de résistance contre l’EI lors du siège de Kobané, en 2014. Nous étions 60 combattants retranchés dans cet immeuble. Nous ne sommes plus que sept à être encore en vie. » Son visage aux traits ronds et fatigués se tourne vers l’horizon. À quelques centaines de mètres, un long mur balafre les champs, marquant la frontière avec la Turquie. « Il ne faut pas s’en approcher, autrement les snipers turcs vous tirent dessus », avertit Mohammed, qui travaille aujourd’hui pour les services de sécurité de la ville.
Reportage de notre n°70 « Qui veut la peau de l'écologie ? », en kiosque, librairie, à la commande et sur abonnement.

Il soupire : « Tous mes amis sont morts en se battant contre l’EI, puis contre la Turquie et ses milices ces dernières années. Et aujourd’hui, nous sommes à un tournant de notre histoire : soit nous obtenons nos droits, soit nous disparaîtrons. » Car à Kobané, comme dans de...