Les Soulèvements de la Terre ont fait irruption dans le paysage politique en 2021. Avec le recul, comment ont-ils transformé le champ de l’écologie politique en France selon vous ?
Léna Lazare Pendant le confinement, nous étions plusieurs personnes issues du mouvement climat et des luttes locales à faire le bilan et à nous demander ce qu’on allait faire ensuite. Avec les Soulèvements de la Terre, nous avons pensé une stratégie à partir des luttes locales pour cibler des entreprises écocidaires, nationales ou multinationales comme Lafarge ou Bayer-Monsanto. Et nous avons, depuis nos premières campagnes, contribué au renouveau des pratiques d’actions directes de masse, en introduisant la notion de « désarmement1 ».
L’autre apport majeur des Soulè-vements de la Terre, c’est le lien avec la paysannerie. Si des alliances avec des paysans ont toujours existé dans l’histoire des luttes locales, ce lien a longtemps été un impensé dans le mouvement climat. Cette approche en direction du monde agricole est nouvelle, et elle est vraiment importante pour nous.
Entretien issu de notre hors-série « De la lutte à la victoire », en kiosque, librairie et sur notre boutique.

Martin Fraysse Notre démarche vise à « ramener l’écologie sur terre2 » par la lutte contre l’artificialisation, le béton et l’agro-industrie. Contrairement aux débats sur le réchauffement climatique, souvent perçus comme abstraits ou trop théoriques, ces combats nous permettent d’identifier clairement des responsables pour lutter contre le chaos climatique : on sait qui sont les accapareurs de terres. Cette dimension tangible est centrale dans notre démarche. Nous voulons recentrer les luttes écologistes sur la localisation et la neutralisation des infrastructures toxiques, et cela demande de passer à l’action pour les mettre à l’arrêt. En seulement quatre ans, nous sommes passés de la formulation et l’expérimentation d’hypothèses à l’émergence d’un mouvement d’ampleur nationale.
La pratique du sabotage, que vous avez rebaptisé « désarmement », a été utilisée par les Soulèvements de la Terre lors de l’occupation de centrales à béton sur le port de Gennevilliers ou lors des mobilisations contre les mégabassines dans les Deux-Sèvres. En quoi s’inscrit-elle dans le concept de « contre-violence » forgé par l’écoféministe Françoise d’Eaubonne ?
M. F. Désarmer une infrastructure toxique, c’est la mettre temporairement hors d’état de nuire. Si nous parlons de désarmement, c’est bien parce que les infrastructures nocives sont des armes contre le vivant. Pour nous, il est donc important de le formuler de cette manière, bien qu’une riche tradition militante revendique le recours au sabotage.
L. L. Merci d’avoir cité Françoise d’Eaubonne, car il est important de rappeler l’histoire de nos luttes. Nous avons en effet une démarche similaire à la sienne. Cette notion de contre-violence introduit l’idée que, si nous exerçons une certaine forme de violence à certains endroits, toutes les actions que nous menons visent à faire face à une violence systémique bien plus grande, qui nous condamne tous si l’on n’agit pas3. Donc, de la même manière que l’expression « contre-violence », le terme « désarmement » permet de renverser les discours qui nous criminalisent.
En lire plus sur Françoise d'Eaubonne
Depuis la mobilisation massive contre la mégabassine de Sainte-Soline, le 25 mars 2023, le mouvement a en effet subi une très forte répression politique. Celle-ci a-t-elle eu un effet sur la vitalité des Soulèvements de la Terre ?
L. L. Il n’y a pas eu de recul suite à la répression. La tentative de dissolution a plutôt permis de visibiliser toutes les personnes qui se sentaient appartenir au mouvement et de faire démarrer plus rapidement les comités locaux. Aujourd’hui, comme nous ne fonctionnons pas selon un système d’adhésions, nous ne pouvons pas dire combien nous sommes précisément. En plus des 150 000 personnes4 qui ont manifesté leur soutien au moment de la tentative de dissolution, on sait qu’il y a aujourd’hui plus d’une centaine de comités locaux actifs sur le territoire français.
Sans compter toutes les dynamiques sœurs qui se développent à l’étranger en Catalogne, avec les Revoltes de la Tierra, en Belgique, au Canada avec les Soulèvements du fleuve et en Suisse avec le mouvement Grondements des terres.
« Sans les cantines, les bénévoles qui gardent les enfants ou les équipes qui assurent les briefs juridiques, rien ne tiendrait. Toute cette logistique forme une fondation solide, ramifiée et capable d’encaisser de nombreux chocs. »
M. F. Il y a aussi de nombreuses initiatives autour du mouvement, comme les Greniers des Soulèvements qui produisent de la nourriture pour fournir les cantines lors des gros épisodes de mobilisation ; les Caves des Soulèvements, une alliance de vignerons qui vendent du vin pour le mouvement ; ou encore les Bâtisseurs des terres qui se réunissent pour réfléchir à la manière de construire des habitations avec moins de béton. Toutes ces dynamiques irriguent et enrichissent les Soulèvements de la Terre.
Les violences policières lors des manifestations à Sainte-Soline ou lors de la mobilisation contre l’A69 ont en tout cas laissé des traces indélébiles, tant sur les corps que dans les esprits des militants présents sur place. Comment les Soulèvements de la Terre pansent les maux des luttes passées et anticipent ceux à venir ?
L. L. Après le traumatisme de Sainte-Soline, une volonté de mieux se structurer lors des manifestations a émergé. Au Village de l’eau de 20245, nous avons organisé des formations inspirées du mouvement allemand Ende Gelände, connu pour ses actions massives contre des mines de charbon en Allemagne depuis 2015. Lors de leurs manifestations, les participants sont divisés en fingers, des unités autonomes qui se répartissent des rôles précis au sein des cortèges. Lorsqu’ils ont envahi à 5 000 la mine de lignite à ciel ouvert de Garzweiler, en Rhénanie, ils ont eu une semaine de formation en amont. À Sainte-Soline, où nous étions 30 000, se coordonner au cours de l’action était un vrai défi.
M. F. Avec les militants de la lutte contre l’A69, nous tentons d’instaurer une véritable culture du débrief. Après chaque action, nous fixons une date, généralement deux semaines plus tard, pour revenir ensemble sur ce que nous avons vécu. Suite aux violences policières subies dans le cadre de la mobilisation6, les militants ont aussi créé une cellule d’écoute psychologique animée par un réseau de psychologues bénévoles, en plus des groupes préexistants chargés de faire le lien avec des avocats et de donner des conseils pour se protéger pendant et après les mobilisations.
L. L. J’ai l’impression qu’à chaque manif, c’est de mieux en mieux ! Désormais, il y a aussi le réseau national des « bambineries » pour la garde d’enfants. Et nous avons mis en place des processus de veille sur les oppressions systémiques7 sur les camps. Des militants se retrouvent très régulièrement pour continuer à peaufiner cette organisation. Pour que les nouveaux aient conscience qu’ils ne sont pas seuls une fois sur place lors de grosses mobilisations, nous leur distribuons des petits livrets de base arrière.
M. F. Geneviève Azam utilise une expression que j’aime beaucoup : « La base avant, c’est la base arrière. » Sans les cantines, les bénévoles qui gardent les enfants ou les équipes qui assurent les briefs juridiques, rien ne tiendrait. Toute cette logistique forme une fondation solide, ramifiée et capable d’encaisser de nombreux chocs. Évidemment, ce n’est pas parfait, mais c’est ce qui rend nos mouvements durables.
Dans votre manifeste Premières secousses, sorti l’année dernière, vous proposez comme perspective politique le « démantèlement ». Pouvez-vous nous en dire plus ? En quoi se différencie-t-il du désarmement ?
M. F. Le démantèlement, c’est la phase qui vient après le désarmement. Cette étape consiste dans un premier temps à analyser les différentes filières, comme celles du béton ou de l’agro-industrie, et à identifier les maillons de la chaîne qui contribuent à rendre certains territoires inhabitables. L’enquête nous donne les moyens de comprendre comment rendre cette chaîne inopérante, et d’imaginer par quoi la remplacer. Par exemple, aux Soulèvements de la Terre, nous nous sommes concentrés sur le système des bassines.
Qu’est-ce qu’une bassine ? C’est un dispositif qui pompe dans la nappe phréatique et vole l’eau qui s’écoule dans les rivières et jusqu’aux villages. Nos actions visent à les faire disparaître – en les débâchant, par exemple – pour que l’eau retourne à la terre. Mais pour comprendre l’origine du problème, il faut remonter plus loin. Pourquoi ces bassines existent-elles ? Si elles ont été mises en place, c’est principalement pour irriguer des cultures de maïs, une plante tropicale très gourmande en eau l’été. Ce maïs est lui-même souvent destiné à l’exportation, ou à nourrir des animaux d’élevage industriel, dans un système soumis à la spéculation sur les matières premières…
« Si l’on parle de plus en plus de “carbofascisme”, c’est bien parce le fascisme et l’extractivisme marchent main dans la main. Si on ne s’y oppose pas maintenant, dans dix ans, qui sait si on pourra toujours lutter pour l’environnement ? »
L. L. C’est à ce carrefour que se rejoignent l’action concrète – qu’il s’agisse de blocage, de désarmement ou d’occupation – et la réflexion sur la manière de se réapproprier nos conditions matérielles d’existence. Pour aller au bout du démantèlement d’une filière, il faut à la fois être offensifs et, dans le même temps, commencer dès à présent à construire la société à laquelle nous aspirons. C’est un objectif vers lequel nous tendons, tout en sachant que la tâche est immense. Le démantèlement est une stratégie à long terme qui nous permet de ne pas nous limiter à des actions coup de poing.
Même si désarmer une mégabassine a des effets puissants, il est clair que pour obtenir l’abandon définitif de ces infrastructures, il faudra nous coordonner, multiplier les actions et continuer à proposer des alternatives. Cela passe aussi par l’alliance avec des paysans, voire d’anciens travailleurs de l’agro-industrie qui prennent aujourd’hui conscience des dégâts causés par ce secteur.
Vous tentez également de tisser des liens avec le milieu ouvrier en vous déplaçant sur des piquets de grève. Pouvez-vous revenir sur les débuts de cette alliance et dire où elle en est aujourd’hui ?
L. L. Les liens avec les syndicats ont toujours existé. Les Soulèvements de la Terre sont depuis le début une coalition avec la Confédération paysanne, et les mobilisations contre les mégabassines ont été portées conjointement dès le départ avec la CGT et Solidaires. Depuis un an, nous essayons toutefois d’être plus actifs dans la construction d’alliances, là où l’on nous attend le moins, en allant par exemple apporter des produits paysans sur les piquets de grève des salariés de Michelin ou de l’entreprise logistique Geodis.
C’est à ces endroits que l’on crée des liens. Les conversations avec les salariés nourrissent nos réflexions sur le démantèlement d’une filière. Comment s’allier avec les travailleurs et travailleuses pour qu’ils reprennent du pouvoir dans leur entreprise ? Comment faire pour ne pas avoir à choisir entre l’écologie et l’émancipation des travailleurs ?
M. F. Par ailleurs, l’opposition caricaturale entre écolos et travailleurs est un mythe qui vise à désolidariser ces mouvements entre eux. Les gens veulent tous la même chose : être en mesure de nourrir leurs enfants, ne pas être éreintés par leur travail, ne pas vivre dans un environnement pollué…
Les ouvriers d’une usine de ciment ou d’une raffinerie ont conscience qu’ils travaillent dans un secteur polluant et qu’il faudrait faire mieux. Pourquoi ne pas leur laisser la décision de ce qu’il va advenir de leur usine ?
L. L. Nous rappelons aussi que démanteler ne veut pas dire délocaliser ni désindustrialiser. Le devenir de ces industries doit être le fruit de discussions entre les habitants d’un territoire et les travailleurs. C’est pour cette raison que nous allons continuer à affirmer notre soutien aux ouvriers d’industries polluantes qui veulent le maintien de leur emploi dans un premier temps. Tout comme les syndicalistes ne vont pas arrêter de venir à nos mobilisations. Pour la suite, nous avons à cœur de développer des alliances avec les travailleurs de l’agro-industrie. Car à mesure que les paysans disparaissent, le nombre de salariés agricoles précarisés, très peu syndiqués et exposés à tout un tas de produits chimiques, augmente.
Pourquoi viser le démantèlement du secteur agro-industriel en priorité ?
L. L. Nous pensons qu’il n’y aura pas de monde écologique sans paysans. Or, la classe paysanne est en train de disparaître. Quand nous parlons du complexe agro-industriel, nous visons la bourgeoisie agro-industrielle, c’est-à-dire des dirigeants comme Arnaud Rousseau [directeur de la multinationale Avril (marques Lesieur, Puget…) et président de la FNSEA, NDLR]. Pour nous, ce sont eux les « agri-managers », pas nos voisins paysans installés en conventionnel. Nos cibles ne sont ni des personnes ni des fermes isolées, mais bien l’ensemble d’un système hiérarchisé avec, tout en haut, les dirigeants de multinationales et tout en bas, les salariés agricoles.
Cibler le complexe agro-industriel nous permet également d’aborder la question des économies de subsistance. En tant que paysanne, j’estime que nous avons un rôle à jouer pour faire durer les piquets de grève. On ne peut pas tenir sur le long terme si l’on ne produit pas sa propre nourriture. Avancer face au complexe agro-industriel a donc un double effet : lutter de manière offensive contre des industries avec un lourd poids dans le ravage écologique en cours et, d’autre part, renforcer notre autonomie.
M. F. Lors de la grande vague d’exode rural, la deuxième génération d’ouvriers installés en ville gardait encore des liens avec des membres de leur famille à la campagne. C’est ce qui a fait tenir les piquets de grève et contribué à la force et l’autonomie du mouvement ouvrier : même sans salaire, ils pouvaient compter sur leur famille pour les nourrir. L’industrialisation de l’agriculture a non seulement coupé ces liens entre les villes et les campagnes, mais aussi entre les gens et leur capacité de subsistance.
Êtes-vous nombreux aujourd’hui au sein des militants des Soulèvements de la Terre, comme toi, Léna, à avoir retranscrit cet engagement dans votre quotidien en vous impliquant dans un projet d’agriculture paysanne ?
L. L. Nos campagnes d’action ont permis à des personnes éloignées du monde agricole – comme une majorité de la population française aujourd’hui – de se relier à nouveau à ces enjeux. Il y a de plus en plus de jeunes militants écolos qui décident de se lancer dans la paysannerie au sein des Soulèvements de la Terre. Cela a fait naître des vocations, même si le parcours est semé d’embûches ! Parmi nos camarades de lutte, certains sont d’ailleurs moins présents car ils sont en train de s’installer.
De mon côté, cela fait deux ans que je suis en cours d’installation. Je serai officiellement « exploitante » en janvier. Pour le moment, je suis encore entre deux statuts : j’ai commencé une activité agricole dans une coopérative d’activité paysanne tout en étant en train d’acquérir ma ferme. J’ai aussi fait en sorte de choisir une spécialité compatible avec mes engagements militants : en cultivant des céréales et des légumineuses, je peux plus facilement m’organiser et me libérer une journée de temps en temps pour assister à des réunions.
Y a-t-il d’autres engagements parallèles qui influencent votre boussole théorique au sein du mouvement ?
M. F. Je pense que chaque personne qui participe aux Soulèvements de la Terre apporte son expérience. Pour ma part, le courant duquel je me sens le plus proche est une forme d’écoféminisme queer. Son apport aux Soulèvements de la Terre et, plus largement, à l’écologie politique, c’est le refus d’un retour à la Terre fantasmé qui s’appuierait sur l’archétype de l’église au milieu du village, avec papa aux champs et maman à la maison en train d’élever les enfants. Pour nous, les notions de territoire, de famille ou de communauté sont beaucoup plus diverses et nuancées.

La définition d’un territoire appartient aux gens qui l’habitent et qui le font vivre. Les habitants de la Vallée de la Roya, dans les Alpes-Maritimes, en parlent très bien. Ils accueillent depuis longtemps des personnes migrantes et pour eux, revendiquer leur territoire comme une terre d’accueil est une part de leur identité. Leur vallée n’est pas qu’un simple découpage administratif.
On s’oppose aussi très fortement à l’essentialisation de la nature. La nature n’est ni binaire ni hétérosexuelle : elle est foisonnante et plurielle. Il ne peut donc y avoir de véritable émancipation face au cataclysme écologique si cela se traduit par une forme de patriarco-fascisme. L’infusion des valeurs queers dans les Soulèvements de la Terre est en cela une force : elle permet de lier l’écologie à la lutte contre toutes les dominations, et d’imaginer des formes de résistance et de solidarité qui refusent à la fois l’autoritarisme et les normes patriarcales.
Le front des Soulèvements de la Terre s’est, en effet, élargi : antifascisme, coalition pour désarmer le militarisme, lutte anticoloniale en soutien à la Palestine… Qu’apporte cette présence sur une multiplicité de terrains ?N’avez-vous pas peur de diluer vos forces ?
L. L. Il s’agit de luttes communes avec d’autres organisations, qui ne sont pas seulement portées par les Soulèvements de la Terre. Il reste qu’on y met de l’énergie, donc cela pose des questions, notamment celle de l’épuisement de nos forces. Mais au vu de la menace fasciste ou du génocide en Palestine… On se sentirait bizarre en nous levant le matin si nous n’organisions que des actions contre des entreprises comme Lafarge ou contre les mégabassines. Pour l’instant, dès qu’une envie collective de rejoindre une coalition se manifeste, nous la suivons.
Contre l’armement, les raisons de nous impliquer sont nombreuses : suite aux violences policières dans les quartiers, lors de mouvements sociaux comme celui des Gilets jaunes ou de la manifestation massive de Sainte-Soline, il était devenu urgent pour nous de faire quelque chose contre les armes de la police. Il s’est avéré que nos revendications collaient avec plusieurs associations de soutien à la Palestine. Cette convergence des luttes nous permet aussi d’avancer en apprenant des pratiques des autres. Car si les Soulèvements de la Terre ont pris autant d’ampleur, c’est en étant créatifs.
M. F. On estime aussi qu’il s’agit d’un juste retour, car beaucoup d’associations sont venues nous aider quand on en avait besoin. Et puis, qu’est-ce qu’il y a de plus anti-écolo qu’une guerre ? Rien. Et qu’est-ce qu’il y a de plus anti-écolo que le fascisme ? Rien non plus ! Le front fasciste avance partout dans le monde, en lien avec les plus gros intérêts financiers de la planète. Si l’on parle de plus en plus de « carbofascisme », c’est bien parce le fascisme et l’extractivisme marchent main dans la main. Si on ne s’y oppose pas maintenant, dans dix ans, qui sait si on pourra toujours lutter pour l’environnement ? Élargir le front, c’est donc le rendre plus solide. Cela permet aussi d’anticiper. Si la menace fasciste arrive, on ne sera pas chacun dans son sillon.
1. Le terme de « désarmement » est revendiqué pour la première fois suite à des actions contre le cimentier Lafarge lancées par les Soulèvements de la Terre et Extinction Rebellion le 29 mars 2021. Préféré au vocable « sabotage », il désigne le fait de mettre hors d’état de nuire une entreprise néfaste comme un acte de légitime défense.
2. Lire l’introduction « Faire atterrir l’écologie : pour une lutte terre à terre » dans Les Soulèvements de la Terre, Premières secousses, La fabrique, 2024.
3. Lire le chapitre « Paradoxes de la confrontation » dans Premières secousses, op. cit.
4. Depuis une pétition nommée « Nous sommes les Soulèvements de la Terre », lancée durant la tentative de dissolution.
5. Sous l’impulsion des Soulèvements de la Terre et de l’association Bassines non merci, le Village de l’eau a réuni des militants écolos, paysans et syndicalistes à Melle (Deux-Sèvres) en juillet 2024 pour échanger et se former à l’action directe collective.
6. Les manifestations contre l’A69 ont donné lieu à des affrontements répétés et des expulsions violentes des forces de l’ordre contre les opposants.
7. Par exemple, les violences sexistes et sexuelles, le racisme, le validisme…
Les Soulèvements de la Terre
Collectif informel créé lors des « Assises de la Terre », organisées sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes il y a quatre ans, les Soulèvements de la Terre ont organisé depuis plusieurs « campagnes » d’action ciblées contre les mégabassines, le cimentier Lafarge ou encore l’empire du milliardaire Bolloré… Ils sont composés d’un comité national et plus d’une centaine de comités locaux, libres d’organiser des actions autonomes sur leur territoire. Tous les six mois, les « interludes » rassemblent l’ensemble des sympathisants pour décider ensemble des prochaines campagnes à venir.
Martin Fraysse
Martin Fraysse est l’un des membres actifs des Soulèvements de la Terre, qu’il a rejoints en 2023. Fils de paysan en élevage bio, il est engagé dans les luttes paysannes aux côtés de la Confédération Paysanne depuis 2014. Issu initialement de la contestation de l’A69 et des luttes pour les droits des femmes et des minorités LGBT, il a intégré la commission communication des Soulèvements de la Terre, où il s’occupe en particulier des questions liées à l’artificialisation. Il anime en parallèle des formations sur le soin, le féminisme et les bases théoriques du mouvement, via l’arpentage du manifeste Premières secousses (La fabrique, 2024).
Léna Lazare
Née en 1998 à Calais, Léna Lazare est militante aux Soulèvements de la Terre depuis leur création en 2021. Elle a fondé en 2018 les mouvements Désobéissance écolo puis Désobéissance écolo Paris, qui prônent une écologie de rupture. L’année suivante, elle participe à la création du collectif Youth for Climate France, à l’origine des grèves pour le climat en France. Après une rencontre avec des paysans sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, elle interrompt ses études de physique à la Sorbonne pour se former à l’agroécologie. Elle est depuis installée dans l’Orne (Normandie), où elle reprend une ferme pour cultiver des légumineuses et des céréales dans le but de produire du pain et du miso.
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