Au cœur de Delhi, la capitale indienne et l’une des villes les plus polluées au monde, un entrepreneur a ouvert un complexe de bureaux dont l’argument commercial tient à la qualité de son air. Les relevés des polluants présents dans les locaux, qui ont hébergé des salariés d’Amazon, de Microsoft ou de Shell, s’affichent sur le web. On y apprend que leur présence dans l’air est jusqu’à 26 fois moins importante que dans les rues suffocantes de la mégalopole, grâce à des filtres et à des plantes que le patron du lieu décrit dans une conférence TED visionnée près de quatre millions de fois. « Pollution free office building » (« bureaux garantis sans polluants »), « breathe fresh, work smart » (« respirez bien, travaillez mieux »)... Les slogans de l’immeuble de 4 600 m semblent tirés d’un canular ou d’une dystopie. Ils disent toute l’absurdité d’un monde où respirer un air sain pourrait un jour devenir un luxe.
Pour l’heure, la pollution atmosphérique est encore un phénomène total qu’il est vain d’espérer fuir : neuf personnes sur dix respirent un air contenant des niveaux élevés de polluants, d’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Composée de gaz et de particules, fruit de la société industrielle (transports, agriculture, combustions liées aux industries ou au chauffage, etc.), la pollution causerait chaque année sept millions...