Éditorialistes, élus, influenceurs... Les visages de l'éco-complotisme

Influenceurs, éditorialistes, élus ou scientifiques égarés : leur verbiage postillonnant tourne en boucle sur les réseaux. Apprenez à les reconnaître !
Influenceurs, éditorialistes, élus ou scientifiques égarés : leur verbiage postillonnant tourne en boucle sur les réseaux. Apprenez à les reconnaître !
Son modèle Claude Allègre / Son outil le livre racoleur
Aaaah, notre voix de la sagesse scientifique ! Contrairement aux « scientifiques activistes », lui est là pour faire de la vraie science. Celle qui doute, qui questionne et qui refuse de se soumettre à la pensée unique du Giec. Ce « cartel de chercheurs » (Benoît Rittaud, le 9 novembre 2023) sous emprise politique, qui prend en otage la question du climat. D’ailleurs, il ne manque jamais de le rappeler : il n’y a PAS DE CONSENSUS SCIENTIFIQUE sur le changement climatique.
Pour lui, pas de raison de s’inquiéter. Sa rationalité scientifique infaillible lui permet d’explorer les réalités climatiques avec nuance et ne pas céder aux sirènes alarmistes. Et pour nous donner les clés de son précieux savoir, il publie des livres qu’il espère feront l’effet de pavés dans la mare ! Des centaines de pages pour décrypter « l’imposture climatique », déconstruire les « mythes et légendes écologistes » ou encore mettre en garde contre « le déraisonnement climatique ».
Article de notre n°68 « Le grand complot écolo », disponible en kiosque, en librairies et sur notre boutique.
Non content de venir se présenter sur les plateaux télé, le scientifique climatosceptique se veut rassuriste. S’il y a bien des changements, il n’y a en revanche aucune urgence. S’il y a des catastrophes naturelles, ce n’est pas forcément dû au réchauffement climatique. Si on émet beaucoup de CO2, c’est aussi une bonne chose ! Car c’est le premier nutriment des plantes et cela favorise la couverture végétale. En voilà des bonnes nouvelles !
Autant d’arguments implacables qui cherchent à mettre à mal la machination climatique menée de concert par les politiques et les scientifiques. Et parce que plus on est de fous, plus on rit, quoi de mieux que de se rassembler au sein d’une association ? Bienvenue chez les « climato-réalistes » ! Le seul espace qui offre « un débat ouvert et libre sur l’évolution du climat ». Tout un programme.
Son modèle Pascal Praud / Son outil la vocifération
« Il est là le réchauffement climatique ! Moins 3 degrés ce matin dans les Yvelines. Attention, sujet sensible, on ne rigole pas avec le réchauffement climatique ! » (Pascal Praud, 6 mai 2019). Des petits tacles ironiques glissés en pleine émission aux chroniques enflammées, il ne rate pas une opportunité de décrédibiliser la gravité du changement climatique et d’attaquer ses défenseurs qu’il juge excessifs. Tantôt trop dictateurs, tantôt trop pleurnicheurs. Dans les médias détenus par ses amis milliardaires, tout aussi complot-réac que lui, il mène une véritable croisade contre « l’hystérie climatique ».
Qu’à cela ne tienne, pas touche à sa sacro-sainte liberté d’expression. Sur son plateau défile tout le gratin anti-écolo en lutte contre le catastrophisme. Scientifiques ou non. Spécialistes ou non. Entre débats orientés et interviews complaisantes, les théories éco-complotistes ont tout le loisir de prospérer. Comme celle de l’essayiste Christian Gerondeau, passé de spécialiste de la « sécurité routière » à détracteur du Giec le temps d’une retraite, qui estime que vouloir arrêter d’émettre du CO2 ne servirait à rien !
Car ce qui les inquiète, ce ne sont ni les sécheresses, ni les inondations et encore moins l’extinction des écosystèmes. Non, ce qui est insoutenable, ce sont ces méchants « khmers verts », « toutes ces associations écologistes, minoritaires, comme WWF, qui en permanence pointent du doigt ce monde agricole, veulent nous faire manger de l’herbe, du tofu et du quinoa, qui refusent tout » (Pascal Praud, 23 janvier 2024). L’écologie est devenue « une religion planétaire » portée par des « peine à jouir » (Elisabeth Lévy, octobre 2022). Autrement dit, une boussole morale insupportable. Effrayé qu’on lui coupe les vivres, est-ce qu’on ne lui couperait pas plutôt son micro ?
Son modèle Le Raptor / Son outil la punchline
Après la secte des « covidistes », il s’attaque à celle des « réchauffistes ». Sur son compte YouTube, X ou TikTok, il est celui que la foule d’internautes attendait pour éclairer sa lanterne et être délivrée de l’emprise « escrologique ». Un vaillant combattant prêt à travailler sans relâche pour décrypter la grande arnaque du climat. À lui seul, il est capable de produire un savoir plus fiable que celui de milliers de scientifiques réunis depuis des décennies.
Et pour cause, le Giec n’est à ses yeux qu’un instrument de propagande politique qui n’a plus rien à voir avec la science. Une institution élaborée pour dicter des solutions destructrices de l’économie et des libertés fondamentales. Plus fallacieux encore, l’augmentation des émissions de CO2 est un faux danger qui ne sert qu’à masquer les véritables problèmes écologiques comme la pollution plastique ou l’extinction des animaux.
Outre ses réalités physiques, encore contestables d’après lui, le changement climatique est surtout devenu une religion pour endoctriner et terroriser les populations afin de les rendre fragiles. D’ailleurs ses défenseurs « éco-anxieux pathologiques » ne sont rien que « des meufs à problèmes familiaux sous anxiolytiques » (Le Raptor, 8 septembre 2024) ou des « hommes sojas vasectomisés » (Idriss Aberkane, 17 septembre 2024). Les pro-climats ne sont qu’un lobby de plus de l’entreprise wokiste dont il veut nous sauver. D’ailleurs, n’oubliez pas que si les feux de Los Angeles ont décimé les quartiers, c’est avant tout car les pompiers sont dirigés par « des femmes lesbiennes en surpoids » (Le Raptor, 14 janvier 2025).
En vrai antisystème, il aborde tous les grands phénomènes qui nous dupent car aucun sujet ne lui échappe : la pandémie, la guerre en Ukraine, le féminisme, les LGBTQIA+. À visage découvert ou sous un compte anonyme, au pays de l’influ-complotiste, seule la parole à contre-courant compte !
Son modèle Éric Zemmour / Son outil la frontière
« Je trouve toujours curieux que des scientifiques nous expliquent qu’une augmentation de température de 1,5°C provoque des catastrophes absolument apocalyptiques et incalculables, et que l’Homme ne s’adaptera jamais à ça, alors que l’Homme est justement depuis des millions d’années la seule espèce qui s’adapte à toutes les températures. » Si Éric Zemmour le dit. Pourquoi s’en faire ? Le vrai problème n’est pas le « grand réchauffement », mais bien le « grand remplacement ».
En bon révolutionnaire réactionnaire, ce cher représentant de la nation multiplie les sorties pour fustiger les écologistes et leur « totalitarisme vert ». Il accuse cette bande de « prophètes de malheur » et autres « propagandistes du Giec » de vouloir détruire la civilisation occidentale à coups de repas végétariens, de champs d’éoliennes ou de transports en commun. Pire, d’être prêts à sacrifier l’humanité au nom de la planète : « Bientôt ils suggéreront l’extermination de l’espèce humaine, au motif qu’elle constituerait une catastrophe pour le climat et la biodiversité » (Hervé de Lépinau, député RN, 13 décembre 2023). C’est donc ça !
Et parce que s’attaquer aux « écologistes extrémistes » ne suffit pas, autant se faire le nouveau porte-voix des théories climatosceptiques. « Rien ne prouve l’effet de serre du CO2 » (Guillaume Bigot, juin 2019), « les scientifiques du Giec ont tendance à exagérer » (Thomas Ménagé, le 21 août 2023), « rappelons quand même que la Terre se réchauffe d’elle-même naturellement ! » (Estelle Chevallier, 2 juillet 2024). Ou carrément inventer un complot encore plus farfelu : « Le vert des Verts correspond, comme par hasard, au vert de l’Islam ! » (Éric Zemmour, 29 juin 2020).
Rien n’est trop faux/gros pour pouvoir discréditer cette propagande aux fondements nullement scientifiques mais 100 % idéologiques qui s’attaquent sans scrupules aux traditions et au terroir français. Pour eux, le véritable danger de la vie sur Terre, ce n’est ni le changement climatique ni la crise écologique, mais « l’écologie punitive » des islamo-gauchistes ! Si écologie il doit y avoir, ce doit être uniquement celle du « bon sens ». Ce qui dans le langage de l’extrême droite signifie tout ce qui peut servir à leur obsession identitaire et à la protection des frontières.
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