Le festival des discours populistes et anti-écolos

Marre de tous ces empêcheurs de polluer en paix ! Au nom de l’industrie et du capitalisme, place au festival des punchlines anti-écolo !
Marre de tous ces empêcheurs de polluer en paix ! Au nom de l’industrie et du capitalisme, place au festival des punchlines anti-écolo !
« J’en ai assez de ces associations de danseurs aux pieds nus qui viennent nous expliquer ce que nous, élus, on doit faire sur nos territoires. (...) Je ne suis pas prêt à ce que mes enfants mangent des graines tous les jours, fassent de la bicyclette tous les jours. »
Qui l’a dit ? Christophe Guilloteau (LR), président du conseil départemental du Rhône depuis 2015, chevalier de la Légion d’honneur 2024. Après avoir été « mis en vente »1 par un internaute facétieux sur Leboncoin pour 1 euro le 6 janvier 2025, il a porté plainte pour « propos outrageants ».
Contexte Irrité par un courrier inquiet de plusieurs associations demandant l’arrêt d’un projet de port fluvial sur la Saône, nécessitant l’artificialisation d’une zone humide, le président du département du Rhône a fustigé les assos écolos et a supprimé 82 000 euros de subventions pour trois d’entre elles, la Ligue de protection des oiseaux, Arthropologia et France Nature Environnement.
Source « “Des danseurs aux pieds nus” : le président du département du Rhône coupe les aides à trois associations environnementales critiques », Le Monde, 15 avril 2025. « Rhône : le président du département mis en vente à 1 euro sur Leboncoin », 20 minutes, 22 février 2025..
Article de notre n°70 « Qui veut la peau de l'écologie ? », en kiosque, librairie, à la commande et sur abonnement.
« La Commission nationale du débat public est l’incubateur des soirées mondaines de tous vos lobbys écolos, antinucléaires, favorables aux zones à faibles émissions, aux éoliennes, etc. »
Qui l’a dit ? Pierre Meurin (RN), député du Gard, ex-zemmouriste, qui siège à la commission du développement durable de l’Assemblée
nationale. Se définit comme « automobiliste militant » sur son compte X (ex-Twitter).
Contexte L’examen du projet de loi dit de « simplification de la vie économique » à l’Assemblée nationale a donné lieu à une surenchère de propositions visant à affaiblir les normes environnementales et à supprimer certaines agences de l’État. Dans le viseur, à côté de l’Ademe : la Commission nationale du débat public (CNDP). Elle veille au respect du droit à la participation du public lors de l’élaboration de projets ayant un impact sur l’environnement. Transparence et démocratie, forcément, au RN, ça rassemble pas trop.
Source Compte rendu de la séance du 30 avril 2025, site de l’Assemblée nationale.
« L’Office français pour la biodiversité est une coalition d’idéologues qui empêche les agriculteurs de travailler et de vivre dignement »
Qui l’a dit ? Laurent Wauquiez, député LR de Haute-Loire, ex-président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, ex-chouchou de la droite dure, candidat malheureux à la présidence de LR. A ripaillé pour 100 000 euros aux frais du contribuable en 2022 et a remis le couvert pour 1 200 euros de repas avec Michel Houellebecq en août 2024. Démasqué par Mediapart.
Contexte L’autoproclamé « conseiller spécial » du président de la région Auvergne-Rhône-Alpes s’est ému, dans un courrier adressé aux agriculteurs de sa région le 7 février 2025, du tort causé selon lui par l’Office français de la biodiversité, et de son coût, appelant à sa suppression. Sa critique acerbe des fonctionnaires de cette agence, dont le rôle est de faire appliquer les normes environnementales, ajoute au contexte de tension déjà attisé par la FNSEA, plusieurs agents ayant été agressés lors de contrôles.
Source « Une lettre de Laurent Wauquiez “incite au lynchage” de l’OFB », Reporterre, 21 février 2025.
« Si c’est pour se faire accueillir, quand on crée 500 emplois dans une région, par des tomates, ce n’est pas la peine, je ne le ferai pas. »
Qui l’a dit ? Olivier Andriès, directeur général du groupe aéronautique et d’armement Safran. Cite Churchill sur LinkedIn : « Plus vous regardez loin en arrière, plus vous avez de chance de voir loin en avant », mais si possible sans écolos ni devant ni derrière.
Contexte Décidément, quand ça veut pas, ça veut pas. Auditionné par la commission d’enquête parlementaire « visant à établir les freins à la réindustrialisation de la France », l’industriel a des Verts dans le pif. Son projet de fonderie en Ille-et-Vilaine – destinée à la production d’aubes de turbines pour des moteurs d’avion comme les Rafale et promettant la création de 500 emplois – a fait l’objet de critiques venant des élus écologistes rennais en 2024.
Il a été si refroidi qu’il a décrété vouloir désormais bannir « toute offre faite par une ville détenue par une majorité écologiste ».
SourceCompte rendu de réunion n°24 – Commission d’enquête visant à établir les freins à la réindustrialisation de la France, 14 avril 2025, site de l’Assemblée nationale.
« Arrêtons d’emmerder les Français ! »
Qui l’a dit ? Emmanuel Macron, locataire de l’Élysée depuis 2017. Promoteur de « Make Our Planet Great Again », surtout pour Uber et Nestlé Waters. Passion monologue.
Contexte Qui sont les ennemis jurés de la start-up nation ? Fonctionnaires, agences publiques et normes sociales et environnementales. Il faut donc tailler, à grand renfort de « simplifications », parce que depuis 2017 c’est l’unique projet. Et tant qu’à faire, abandonner aussi les ambitions européennes en matière d’environnement en appelant à supprimer la directive européenne sur le devoir de vigilance (CSDDD), so boring pour les multinationales. Et marteler qu’il faut arrêter d’emmerder les Français, comme au Salon de l’agriculture 2024. La punchline est piquée à Georges Pompidou (cru 1966), mais quand on est en panne d’inspi’, ça marche à tous les coups.
Source « Normes : Emmanuel Macron estime qu’il faut “arrêter d’emmerder les Français” », bfmtv, 24 février 2024. « Devoir de vigilance : “Emmanuel Macron donne carte blanche aux multinationales” », Reporterre, 22 mai 2025.
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