En surface, il y a un champ de maïs, une route départementale ou la mer Méditerranée. Mais dans les sous-sols, un réseau invisible à l’œil nu se déploie. D’immenses canalisations quadrillent la terre pour transporter l’une des molécules les plus problématiques de notre époque : le CO₂. Capté directement dans les usines émettrices de gaz à effet de serre, il circule parfois déjà sous nos pieds dans des tuyaux de 40 centimètres de diamètre.
Après les gazoducs et les oléoducs, voici les nouveau-nés de l’industrie pétrolière : les « carboducs ». Leur destination ? Des giga-poubelles souterraines à CO₂ installées un peu partout dans le monde. En effet, 43 sites sont prévus en Europe – principalement en mer du Nord –, pour l’essentiel dans d’anciens réservoirs d’hydrocarbures épuisés (mais aussi parfois des aquifères salins ou des roches basaltiques), loin de tout. Pour arriver jusque-là, le chemin est long et il faut des milliers de kilomètres de tuyaux.
Enquête de notre n°70 « Qui veut la peau de l'écologie ? », en kiosque, librairie, à la commande et sur abonnement.

Ceci n’est pas une dystopie. Un tel réseau est en cours de déploiement en Europe, après les États-Unis et la Chine. En 2022, le pétrolier norvégien Equinor a annoncé la construction d’une canalisation de 1 000 kilomètres entre la France, la Belgique et la Norvège. L’année suivante, c’est au tour de Wintershall...