La nuit tombe sur Dunkerque. Une épaisse fumée noire s’échappe d’un des hauts-fourneaux d’ArcelorMittal. Posté sur la digue qui sépare l’aciérie de la mer du Nord, Bernard*, trente ans d’usine derrière lui, observe la scène. « Ce qu’il crache là, ce sont des cochonneries », soupire-t-il. Ces fumées noires, chargées de particules fines très nocives pour la santé, contiennent aussi du CO₂ – et pas en petite quantité. À elles deux, les usines ArcelorMittal de Dunkerque et de Fos-sur-Mer en ont émis plus de 12 millions de tonnes en 2024, soit près de 20 % des émissions de l’industrie française, selon le Réseau Action Climat (RAC).
Ce spectacle nocturne n’est qu’un fragment d’un tableau beaucoup plus vaste : chaque année, près de 2 milliards de tonnes d’acier sont produites dans le monde, générant 7 à 9 % des émissions mondiales de CO₂, selon World Steel. À la fois malléable et résistante, cette matière est tout autour de nous : dans nos usages quotidiens – électroménager, voitures, boîtes de conserve –, la construction ou l’armement. L’acier est aussi indispensable à la transition énergétique, présent dans les panneaux solaires, les éoliennes et les voitures électriques.
Enquête issue de notre n°72 « L'industrie de la destruction » disponible en kiosque, librairie, à la commande et sur abonnement.

Drôle de paradoxe : alors qu’il aide à réduire nos émissions, sa...