Le Réveil des peuples de la terre

Découvrez notre recension des ouvrages Le Réveil des peuples de la terre, Futur ancestral et Idées pour retarder la fin du monde de Ailton Krenak aux Éditions Dehors.

Découvrez notre recension des ouvrages Le Réveil des peuples de la terre, Futur ancestral et Idées pour retarder la fin du monde de Ailton Krenak aux Éditions Dehors.
« Au cours des siècles de colonisation, dans les différentes régions du pays, les Indiens ont toujours développé des mouvements de résistance organisés. Mais la représentation au niveau national n’a été possible qu’à partir de la fin des années 1970, quand ces peuples ont commencé à se rencontrer et à prendre conscience qu’ils avaient des problèmes communs et qu’ils pouvaient trouver des solutions ensemble. »
Cette histoire du réveil politique des peuples autochtones au Brésil est racontée, dans Le Réveil des peuples de la terre, à travers une succession d’entretiens accordés de 1984 à 2022 à Ailton Krenak, figure du mouvement de résistance autochtone, aujourd’hui âgé de 71 ans. Celui qui déclarait en 1984 « Ma vie n’aura de sens qu’à partir du jour où je pourrai retrouver une identité », c’est-à-dire « affirmer l’existence et le droit à l’existence des Indiens au Brésil », retrace quarante ans d’histoire de luttes, depuis la dictature militaire dans les années 1970, en passant par la création de l’Union des nations indigènes (UNI) en 1980 jusqu’à l’ère Bolsonaro.
Dans Idées pour retarder la fin du monde – initialement publié en 2019 au Brésil – Ailton Krenak interroge la dépossession massive des conditions matérielles d’existence d’une partie de l’humanité. Avec la même puissance poétique qui parcourt tous ses ouvrages, il développe ses idées pour « retarder la fin du monde », dont une, centrale, qui consiste à développer la capacité à raconter « toujours une histoire de plus ». Dans Futur ancestral, son ouvrage le plus récent, Ailton Krenak approfondit cette réflexion et propose, dans un texte incisif, une anthropologie de la modernité.
Selon lui, cette gestion du monde « métastasée » a un nom : le capitalisme. Ce rapport de prédation au monde vivant, dont l’urbanité est le symbole, appauvrit l’existence, réduit la diversité des mondes possibles en imposant un modèle « triste et monotone ». Si nous, humains, avons accepté « cette condition humiliante de consommer la Terre », il est possible de s’en défaire. Pour cela, Ailton Krenak invite à « reforester nos imaginaires », à cultiver la « florestania » – un néologisme qu’il a forgé avec les mots florestina (forêt) et cidadania (citoyenneté), qui signifie « citoyenneté de la forêt » –, ou encore à « expérimenter d’autres mondes, d’autres cosmovisions ». Pour l’auteur, le futur est en effet déjà là : dans les pensées et les pratiques des peuples autochones.
Ce n’est qu’en ouvrant « cette vaste matrice culturelle » que l’État brésilien – comme tous les États nés du pillage colonial – pourra répondre aux multiples ravages en cours.
À travers son œuvre traduite dans une quinzaine de langues, et pour la première fois en langue française, Ailton Krenak dessine un monde plurivers, où les peuples autochtones contribuent tant à la vie politique qu’aux idées de nature, d’écologie et de culture pour retarder la marche uniforme du « progrès ».
Idées pour retarder la fin du monde Éditions Dehors → Avril 2025 – 64 pages – 9 €
Futur ancestral Éditions Dehors → Avril 2025 – 80 pages – 11 €
Le Réveil des peuples de la terre Éditions Dehors → Mai 2025 – 312 pages – 23 €
Ailton Krenak (traduit par Julien Pallotta)
Socialter est un média indépendant et engagé qui dépend de ses lecteurs pour continuer à informer, analyser, interroger et à se pencher sur les idées nouvelles qui peinent à émerger dans le débat public. Pour nous soutenir et découvrir nos prochaines publications, n'hésitez pas à vous abonner !
S'abonnerFaire un don