Hors-série N°9

Hors-série N°9

Renouer avec le vivant

Une édition exceptionnelle de 196 pages sous la rédaction-en-chef de Baptiste Morizot et la direction artistique du studio Kiblind.

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Frais de port
France métropolitaine
Offert
Europe + DOM
3,50 €
Reste du monde + TOM
5,00 €
19,00

PROLOGUE

Faut-il en finir avec la nature ?

La crise écologique a déjà fait un mort : la distinction que nous croyions universelle entre nature et culture. Depuis que ce mythe fondateur de notre modernité a été détruit, les grands penseurs de l’écologie tentent de dépasser ce « Grand partage » en définissant une nouvelle éthique environnementale.

Politiser l'émerveillement et armer l'amour du vivant

Par notre rédacteur en chef invité Baptiste Morizot.

Les rouages de l'extinction

Le monde se vide, les espèces disparaissent en masse, nous sommes dans la sixième crise d’extinction... L’heure est à l’urgence et aux slogans, avidement relayés par les médias et appuyés par des chiffres chocs. Mais le spectaculaire, s’il souligne bien l’ampleur de la catastrophe, ne peut se faire qu’au prix d’une homogénéisation et d’une réduction de la complexité du phénomène. Petit manuel critique.

Conversation avec Vinciane Despret

Au panthéon de la philosophie des sciences, une place sera réservée pour Vinciane Despret aux côtés d’Isabelle Stengers et de Bruno Latour. Tentant d’élucider la place de l’intention dans l’agir des êtres vivants et de questionner le regard que portent les éthologues sur les animaux, elle est l’auteure d’une œuvre philosophique exigeante, originale, qui a profondément influencé nombre de penseurs dont Baptiste Morizot. Dans le cadre de ce numéro, leur rencontre allait de soi. Conversation à bâtons rompus.

DÉFENDRE LE VIVANT

Nouer culture des luttes et culture du vivant

Baptiste Morizot se propose, dans un texte philosophique inédit, de politiser l’émerveillement et de bâtir une culture des luttes enchâssée dans une culture du vivant.

L'ère des managers verts

Fleuron de la protection de la nature « à la française », les parcs nationaux fournissent à leurs visiteurs l’expérience contemplative de paysages immuables, pittoresques et paisibles. En coulisse, de fréquents conflits opposent pourtant ceux qui veulent exploiter la nature et ceux qui entendent la préserver en l’administrant. Au risque de faire parfois passer les intérêts du vivant au second plan.

« La propriété comme pouvoir d'habitation, non de domination »

Posséder la terre autorise-t-il à l’exploiter, à la détruire et à en exclure tous les autres occupants ? Contre cette vision « absolutiste » de la propriété, la juriste Sarah Vanuxem propose, dans La Propriété de la terre (Wildproject, 2018) et Des choses de la nature et de leurs droits (Quae, 2020), une autre lecture de notre héritage juridique occidental, une interprétation différente du droit qui permette de faire de la place aux vivants, humains comme non humains.

Ensauvager et désobéir

Plusieurs initiatives en France visent à rétablir la vie sauvage dans ses droits en rachetant collectivement des espaces voués à être protégés. Avec des approches diverses quant au rôle que pourra y jouer l’être humain.

« Une plantation composée d'arbres bien alignés n'est pas une forêt »

Créé en 2008, le Réseau pour les alternatives forestières (RAF) œuvre à rassembler professionnels et citoyens ayant à cœur de préserver les forêts françaises sans pour autant renoncer à travailler le bois. Anne Berthet, ingénieure agronome et salariée du RAF depuis 2012, répond à nos questions.

Au musée

Alessandro Pignocchi est chercheur et dessinateur de bandes dessinées. Dans ses œuvres, il met en scène ses réflexions post-naturalistes et ses prises de position politiques, mais raconte également ses périples qui l’ont amené à vivre parmi des peuples indigènes d’Amérique du Sud ou à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Son dernier livre, Mythopoïèse, est paru cette année aux éditions Steinkis. Il a concocté pour Socialter des planches grinçantes.

Les grands filets sous la Lune

Des merveilles, le Bénin n’en manque pas. Mais, ici comme ailleurs, ce patrimoine naturel et humain est mis en péril par un système d’exploitation intensif et globalisé : les eaux sont illégalement vidées de leurs poissons, la mangrove est menacée et les locaux sont parfois contraints de travailler pour ceux qui pillent leurs ressources. Autant d’enjeux qui en font un terrain prioritaire pour Sea Shepherd, engagé en Afrique depuis 2015 en vue de prêter main-forte aux garde-côtes dans la lutte contre la pêche illicite. Depuis quelques mois, grâce à un partenariat entre l’ONG de défense des océans, les autorités béninoises et l’organisation Eco-Bénin, les lignes bougent et la résistance se structure. Reportage.

Entrelacer le oui et le non pour que la vie continue à donner la vie

On ne se bat pas uniquement pour soutenir une cause ou défendre un engagement théorique : on lutte aussi pour se sentir vivant·e. L’acte de lutte est vitalisant : c’est un creuset où se mêlent l’acte de résistance et le geste créateur. C’est une des leçons que tirent les militants de longue date Isabelle Fremeaux et John Jordan, auteurs des Sentiers de l’utopie (La Découverte, 2011), de leur engagement à la ZAD de Notre-Dame-des- Landes et aux côtés du mouvement britannique antiroutes dans les années 1990. Ils livrent à tour de rôle leurs souvenirs.

S'ALLIER AU VIVANT

Le réensauvagement, ou la décolonisation de la Terre

Pour enrayer le déclin de la biodiversité et diminuer l’emprise humaine sur le vivant, plusieurs initiatives visent à créer en Europe des zones de « réensauvagement », où toute forme d’exploitation est interdite. Mais le rôle de l’humain dans ce processus fait doublement débat : dans quelle mesure doit-il agir sur un écosystème pour y rétablir une vie sauvage autonome ? Doit-il ensuite sanctuariser celle-ci ?

« La crise environnementale a pour fondement une crise éthique »

Comment protéger concrètement un milieu menacé ? Faut-il le ramener à un état antérieur « idéal » alors qu’il n’a fait qu’évoluer ? Faut-il plutôt le remettre sur une trajectoire évolutive différente, mais qui le rende capable de résister aux chocs à venir ? Quelle piste vaudrait mieux que les autres ? Selon quels critères ? Ce sont les dilemmes posés par l’éthique de la conservation et sur lesquels médite Patrick Blandin, professeur émérite du Muséum national d’histoire naturelle.

Coexistences intermittentes

Où se situe la frontière entre bétail et animal sauvage ? Pour Charles Stépanoff, auteur de Voyager dans l'invisible. Techniques chamaniques de l'imagination, nos conceptions occidentales de la domestication n’ont rien d’universel. En vivant aux côtés des peuples nomades de Sibérie du Sud, l’ethnologue a découvert des régimes de cohabitation entre hommes et rennes fondés sur une coercition minimale, érodant le dualisme classique entre chasse et élevage.

La ferme sauvage

Dans sa ferme, installée à quelques kilomètres de Valence, le paysan-naturaliste incarne à merveille la figure du « diplomate interespèces », faisant dialoguer le domestique et le sauvage, misant sur les forces du vivant et les cycles naturels. Son approche, rare, dessine les contours d’une agriculture paysanne, diversifiée et résiliente, empreinte de sensibilité et d’humilité.

Le vivant, un modèle ?

Depuis quelques années en France, le biomimétisme séduit pêle-mêle industriels, militants et start-upers. Mais tous ne défendent pas les mêmes enjeux. Derrière la bataille sémantique, un combat culturel et politique s’engage.

Le flamant rose, la nature et nous

Qu’avons-nous fait au flamant rose de Camargue? Que nous a-t-il fait faire ? Dans leur dernier ouvrage, Politiques du flamant rose. Vers une écologie du sauvage (WildProject, 2020), Arnaud Béchet et Raphaël Mathevet retracent l’histoire du sauvetage de cet oiseau étonnant, au cœur du delta du Rhône. Ils reviennent ici sur les manières dont le flamant rose cristallise les tensions autour des différentes visions de la nature et de sa conservation. Leur ambition : esquisser une écologie du sauvage.

Résister au chamanisme universel

À l’aune des crises écologiques et sanitaires, de plus en plus d’urbains lessivés expriment le besoin de « reconnecter avec la nature ». Beaucoup sont attirés par des philosophies non occidentales qui promeuvent une conception du monde dépouillée de l’opposition entre Nature et Culture. Rencontres avec les arbres, stages chamaniques... au-delà d’une curiosité gentiment new age, l’attrait pour ces autres ontologies peut-il nourrir des remises en question sociales et politiques ?

Villes terrestres

Faut-il vraiment «remettre la nature en ville»? Ensauvager les villes? Peut-être, mais encore faut-il ne pas oublier que la ville a longtemps été, à l’abri de ses remparts, un lieu où justement la nature n’était pas. Baptiste Lanaspèze, auteur de Marseille, ville sauvage et fondateur des éditions Wildproject, nous enjoint plutôt à développer une « écologie urbaine » pour façonner des «villes terrestres» qui retrouvent leur juste place dans la biosphère. Et pourquoi ne pas le faire... par la marche ?

La vie dans la Planthroposcène en dix étapes (pas si faciles)

Comment se débarrasser de la pensée anthropocénique ? L’anthropologue canadienne Natasha Myers nous propose dix étapes pour nous glisser en douceur dans la Planthroposcène, une nouvelle époque où les humains rendraient enfin grâce aux plantes, ces faiseuses de mondes. Un récit hallucinatoire et quasi mystique qui nous mène aux limites du langage et aux frontières de la perception.

PRÊTER ATTENTION AU VIVANT

10 merveilles du vivant

Qui a dit que la science était l’ennemie de la poésie ? La rationalité, incompatible avec la sensibilité ? Le vivant regorge de mécanismes fascinants que l’on peine encore à comprendre, et la recherche en biologie bouleverse régulièrement notre conception du monde. De ces arbres, timides, qui refusent de mélanger leurs branchages, aux rétrovirus qui nous ont donné le pouvoir d’enfanter... Tour d’horizon de quelques prodiges du vivant.

Comment le vivant a construit l'environnement de la Terre

Il y eut d’abord une planète qu’on nommera un jour la Terre, avec sa surface, ses composés chimiques, son eau, son atmosphère... Puis, quand les conditions furent réunies, cette planète devint un berceau qui recueillit la vie. Une belle histoire. Seulement, elle est démentie par les découvertes des sciences de la Terre : loin d’avoir été passifs, les vivants ont construit leur arche... et la mettent parfois en danger par leurs excès. Sébastien Dutreuil, spécialiste de l’hypothèse Gaïa, revient sur les grands mécanismes par lesquels les vivants ont façonné la Terre.

Gloire aux microbes !

Ils étaient là avant nous et seront là après nous. On ne les voit pas, mais ils sont partout. On ne le sait pas, mais on leur doit tout. Ces soldats inconnus ne sont autres que les microbes. Bactéries, virus, champignons unicellulaires et autres « petites vies » sont réputés donner la mort. Pourtant, ce sont de grands alliés, des entités terrestres ancestrales qui nous ont offert le secret de l’énergie, les arcanes de l’autodéfense ou encore la solution de la digestion. C’est en arpentant ce microcosme qui a tant contribué à l’évolution et à la vie sur Terre que des brèches s’ouvriront dans nos imaginaires pour nous aider à mieux penser ce qui vient.

Le documentaire animalier peine à faire sa mue

Le documentaire animalier reste un produit télévisuel massivement consommé. Un succès qui a longtemps poussé l’industrie sur la voie du specta­culaire, à coup de mises en scène et de trucages. Si des années 1930 à nos jours le genre a grandement évolué, certains regrettent que le documentaire animalier demeure extrêmement formaté. Aujourd’hui, des réalisateurs militent pour l’émergence d’un véritable « documentaire d’auteur ».

Sylvère Petit : « Il faut accorder du temps au moineau »

La photographie animalière est-elle un bon moyen de figurer le vivant ? Ou bien le fige-t-elle dans des représentations anthropomorphes ? Sylvère Petit, réalisateur et photographe animalier, tente depuis une quinzaine d’années de déconstruire nos héritages culturels pour photographier les animaux sans les enfermer dans des schémas préconçus. Une « bataille permanente avec lui-même », pour réussir à inventer une nouvelle relation iconographique aux vivants.

S'inviter à la fête des vivants

« Homme libre, toujours tu chériras la mer ! La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme... » Décidément, difficile pour les Modernes de voir autre chose que leur propre reflet dans la « Nature ». Et si mieux connaître le vivant pouvait nous ouvrir d’autres horizons que nous-mêmes ? Mais comment alors éviter le piège du désenchantement que la vision mécaniste et réductrice des sciences occidentales promeut ? Estelle Zhong Mengual préconise de se tourner vers l’héritage de ces femmes naturalistes qui, au XIXe siècle, à l’instar de Frances Theodora Parsons, ont su inventer un régime d’attention au vivant susceptible de nous réconcilier avec l’altérité.

Artiste recherche forêt

Thierry Boutonnier compose avec le végétal des œuvres participatives pour transformer notre regard sur ce règne déconsidéré. Troquant le pinceau pour la pelle, cet artiste plasticien qui expérimente en pépinière comme en cœur de ville, interroge la domestication, l’horticulture urbaine et notre relation au vivant. Socialter l’a rencontré à l’occasion d’une de ses récoltes urbaines.

Les sentinelles de la biodiversité

Ils sont plus de 100 000, ces citoyens qui donnent de leur temps pour veiller sur nos écosystèmes. Leur travail minutieux et au long cours sur l’ensemble du territoire est indispensable aux chercheurs qui planchent sur les causes de la crise écologique actuelle et les remèdes à y apporter.

Conter fleurette au nom de la science

Projet tous publics lancé en 2010, le Suivi photographique des insectes pollinisateurs (Spipoll) vise à étudier les réseaux de pollinisation en s’appuyant sur des milliers d’observations citoyennes. Il permet aussi de suivre l’évolution de l’état de santé de la flore et des floricoles.